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🧊 Trois températures, trois réponses physiologiques : que fait vraiment l’eau froide à ton corps?
Une étude menée à l’Université Charles de Prague (République tchèque), publiée dans la revue European Journal of Applied Physiology, s’est penchée sur les effets physiologiques de l’immersion dans l’eau à différentes températures. Les chercheurs, sous la direction de Pavel Šrámek, ont voulu distinguer ce qui relève de l’effet du froid lui-même versus ce qui provient simplement de l’immersion en eau.
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đź§Ş Le protocole
L’étude a été réalisée auprès d’un groupe de jeunes hommes en bonne santé. Chacun a été immergé jusqu’aux épaules (head-out immersion) pendant 1 heure, dans de l’eau à trois températures différentes :
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32 °C (eau tiède / thermoneutre)
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20 °C (eau fraîche)
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14 °C (eau froide)
Les chercheurs ont mesuré plusieurs variables avant, pendant et après l’exposition, dont la température corporelle, le rythme cardiaque, la tension artérielle, le métabolisme et des marqueurs hormonaux circulants, notamment la dopamine et la noradrénaline.
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📊 Résultats physiologiques observés
🔹 À 32 °C (thermoneutre)
Aucune baisse de température corporelle. Le métabolisme reste stable. En revanche, une détente physiologique est observée : le rythme cardiaque et la pression artérielle diminuent. L’organisme semble entrer dans un état de relaxation.
🔹 À 20 °C (eau fraîche)
La température corporelle baisse légèrement. Le métabolisme augmente de près de 93 %, mais les effets sur la fréquence cardiaque et la pression demeurent similaires à ceux observés à 32 °C. L’activation reste modérée. Cette température agit comme une zone tampon, où l’adaptation commence sans créer un stress important.
🔹 À 14 °C (eau froide)
Les effets deviennent marqués : la température diminue, le métabolisme augmente de plus de 350 %. La noradrénaline plasmatique augmente de 530 %, la dopamine de 250 % — une réponse classique d’activation du système nerveux sympathique. Ces deux neurotransmetteurs/hormones sont liés à l’état d’alerte, à la motivation et à la mobilisation de l’énergie.
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🔬 Ce que cela signifie
Cette étude démontre que la réponse physiologique dépend directement du palier thermique de l’eau. Si l’eau tiède détend, l’eau froide, elle, stimule intensément. En particulier à 14 °C, l’organisme déclenche une cascade d’adaptations neurochimiques et métaboliques.
Les hausses de dopamine et de noradrénaline observées ne sont pas anecdotiques : elles sont comparables à celles induites par un effort physique modéré à intense. Elles participent à l’effet de vigueur, de clarté mentale et de récupération énergétique souvent ressenti après un bain froid bien encadré.
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🧠Application en thermothérapie
Cette étude appuie l’idée que l’exposition au froid — lorsqu’elle est bien dosée et structurée — peut devenir un outil d’activation neurophysiologique.
Elle ouvre des perspectives autant pour la régulation du stress, l’amélioration de l’humeur, que pour le conditionnement physique et l’adaptation au stress thermique.
🔗 Référence scientifique
Ĺ rámek P., Ĺ imeÄŤková M., JanskĂ˝ L., Ĺ avlĂková J., VybĂral S.
Human hormonal and cardiovascular responses to immersion into water of different temperatures.
European Journal of Applied Physiology (2000), 81(5), 436–442.
Disponible sur : https://doi.org/10.1007/s004210050057
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