Une étude pilote publiée en novembre 2024 dans la revue Advanced Biology s’est intéressée aux effets d’une acclimatation au froid sur les mécanismes cellulaires d’autophagie et d’apoptose. Elle a été menée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa, incluant Glen P. Kenny, spécialiste en physiologie environnementale.
🧪 Le protocole
L’étude a été réalisée auprès de 10 hommes jeunes et en bonne santé, répartis aléatoirement en deux groupes :
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Groupe expérimental : exposition quotidienne à un bain d’eau froide à 14 °C, pendant 1 heure, pendant 7 jours consécutifs
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Groupe contrôle : aucune exposition au froid
Des biopsies musculaires ont été effectuées (au niveau du vaste latéral, un muscle de la cuisse) avant et après le protocole, afin de mesurer des marqueurs moléculaires liés à la régulation cellulaire, notamment ceux impliqués dans l’autophagie (nettoyage cellulaire) et l’apoptose (mort cellulaire programmée).
📈 Résultats observés :
🔹 ↑ LC3-II, ATG5, Beclin-2 : ces protéines sont des indicateurs clés du déclenchement de l’autophagie, soit le processus par lequel les cellules se « nettoient » en recyclant leurs composés endommagés ou inutiles.
🔹 ↓ p62 : cette protéine s’accumule lorsque l’autophagie est bloquée. Sa diminution suggère que le processus de nettoyage cellulaire s’est effectivement mis en route et a été complété (flux autophagique actif).
🔹 Aucune élévation des marqueurs apoptotiques : ce qui signifie que le froid n’a pas déclenché de mécanismes de destruction cellulaire nocifs, ce qui est un bon indicateur de sécurité physiologique.
🔹 Modulation des protéines de stress HSP70 / HSP90 : les HSP (Heat Shock Proteins) sont des protéines produites par les cellules pour les protéger face à un stress, comme le froid. Leur modulation indique une adaptation bénéfique à l’exposition.
🔸 Pas d’effet négatif détecté sur la structure des tissus musculaires ni sur les niveaux d’inflammation locale
🔍 À noter :
Bien que les résultats soient prometteurs, l’étude repose sur un petit échantillon (n = 10) et une période d’exposition courte (7 jours). Elle ne permet pas de généraliser les effets à long terme, mais fournit une preuve de concept solide: le froid pourrait devenir un outil naturel d’activation de la régénération cellulaire, notamment pour prévenir le vieillissement prématuré ou améliorer la résilience métabolique.
Dans cette étude, certains participants n’ont pas complété l’exposition complète de 60 minutes à l’eau froide, car leur température corporelle centrale avait chuté à 35,5 °C — soit seulement 0,5 °C au-dessus du seuil d’hypothermie légère.
👉 C’est pourquoi nous ne recommandons en aucun cas de reproduire ce protocole dans un cadre personnel ou non supervisé.
L’objectif ici est de mettre en lumière des pistes scientifiques prometteuses sur les effets cellulaires du froid, et non de proposer un modèle d’exposition à appliquer dans la pratique quotidienne.
🔗 Références scientifiques
King KE, McCormick JJ, Kenny GP.
The Effect of 7-Day Cold Water Acclimation on Autophagic and Apoptotic Responses in Young Males.
Adv Biol. 2024;9(2):e2400111.
Disponible sur : https://doi.org/10.1002/adbi.202400111